© Paul Viaccoz

Hallucinations, 2004


Paul Viaccoz
Attention à la suite



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installation vidéo


"La passion de l'ordre, des codes, des règles est mise sous tension par l'anarchie de la matière, par le geste libre..." ("Les étranges rébus de Paul Viaccoz", Debraine Luc, Le Nouveau Quotidien, 12 décembre 1992, Genève-Suisse). Cette phrase s'adressait à la peinture de Paul Viaccoz. Elle fait l'affaire pour amorcer une tentative de description du travail actuel de l'artiste.


Des maquettes construites comme des petits théâtres, meublées de chaises, de tables ou de lits rigoureusement alignés, s'animent d'images en mouvement. Le contraste est saisissant entre l'organisation exemplaire des différentes pièces de mobilier, chacune exécutée avec une minutie d'horloger, et le désordre qui émane des films projetés à l'intérieur des maquettes.


Que racontent ces films? Des rêves, des délires, des fantasmes? Paul Viaccoz, héros incontesté de chaque épisode, s'en donne à cœur joie. Se mettant avec un plaisir espiègle dans la peau de héros qui ne doivent rien à ceux des séries tv, mais qui ressemblent à s'y méprendre au héros que chacun se fabriquait petit, celui qui nous permettait de pimenter le quotidien, de transformer nos misères en aventures. Un héros dérisoirement humain qui n'a pas pour mission de sauver le monde, mais doit juste faire face à ses propres craintes. Pour Paul Viaccoz, il s'agit plutôt de compulsions et de hantises.


Paul se dope à ses propres frasques. Il endosse plusieurs rôles (magicien, tueur, chuteur, cueilleur de champignons, etc.) et l'action avance de manière fantasque. Il n'y a pas à proprement parlé de résolution dramatique, mais plutôt un instant de lucidité où, à l'instar du rêveur, on ouvre un œil et on se dit "ouf..." Le tour est joué, Paul est sauvé.


Sauvé de ses démons? Paul Viaccoz invente un univers qui sans son humour nous emmènerait dans le champ de la psychiatrie. Ces chambres dépouillées où rien n'est dû au hasard, où tout est mesuré, parlent d'incarcération, d'enfermement. Elles affichent leur ambition de réguler les flux débordants, mais visiblement ne peuvent juguler l'explosion d'images qui les habitent.


Le dénuement de ces chambres-cellules, qui à la fois fige leur identité et les en dépossède, évoque l'univers carcéral ou psychiatrique, voire les camps de concentration. Fasciné par la règle, parce qu'elle garantit l'ordre, Paul Viaccoz s'avance sur un terrain dont il connaît l'envers. À outrance, l'ordre est synonyme de maniaquerie, soit un enfermement sur soi, ou réunit les conditions de l'avènement d'un état de surveillance.


Paul Viaccoz entreprend alors avec frénésie de créer des distractions qui ouvrent une brèche dans cet ordonnancement de mauvais augure, qui infiltrent les processus d'enfermement à l'œuvre.


Le Centre pour l'image contemporaine montre pour la première fois une série de vidéos s'échelonnant de 2001 à 2005, ainsi que des pièces maquettes.


Dans la première salle se trouve une grande table sur laquelle sont alignées face à face 20 maquettes de pavillons entourés d'un jardin. Séparant les deux rangées de pavillons identiques, un train fait l'aller retour d'un bout à l'autre de la table. Un monde idéal bien organisé, chacun cultivant son jardin.


Pourtant train et pavillons, par association, décalent très vite cette première vision idyllique, provoquant un certain effroi en rappelant les déportations.


Ce changement de perspective se voit confirmé par les images qui défilent sur un téléviseur. Elles retracent un voyage en train qui passe d'une gare de ville européenne à l'autre selon un itinéraire géographiquement invraisemblable, mais qui suit la trajectoire de souvenirs liés à des catastrophes ou des faits divers qui ont marqué ces lieux.


Dans la seconde salle, 10 maquettes, qui abritent chacune la projection d'un film, proposent en autant d'épisodes les aventures de Paul. À lire quelques titres, on est propulsé dans ce monde fantasque, qui confronte ordre et chaos: "La Course", "L'Inventaire", "Rêves", "Délires", "Chutes et Comédies", "Hallucinations", "Tours de Magie", etc.


Chaque maquette représente une chambre d'hôpital, toutes ont un titre; "Le Miroir sans tain", "L'Isolement", "Le Parloir", "La Salle d'opération" font surgir le spectre de la psychiatrie.


L'épilogue prend place dans la troisième salle.


Paul Viaccoz, né en 1953 à Saint-Julien-en-Genevois, vit et travaille à Genève.


Un livre de 150 photos, conçu comme un flip book, sera mis en vente.


Exposition: 21.4. - 19.6.2005
Heurs: Ma-Di 12 - 18h (entrée libre)


Centre pour l'image contemporaine
Saint-Gervais Genève
5, rue du Temple
1201 Genève
Telefon +41 22 908 20 00
Fax +41 22 908 20 01
Email cic@sgg.ch

www.centreimage.ch






Paul Viaccoz
Attention à la suite



Video Installations


"The passion for order, codes, and rules is switched on by the anarchy of the gray matter, the free gesture..." (Luc Debraine, "Les étranges rébus de Paul Viaccoz, Le Nouveau Quotidien, 12 December 1992). The above phrase, which refers to the painting of Paul Viaccoz, is just the thing in fact to begin an attempt to describe the artist's current work.


Scale models built like little theaters and furnished with chairs, tables, or rigorously aligned beds are made to come alive with moving images. Between the exemplary organization of the different pieces of furniture, each executed with the meticulousness of a watchmaker, and the disorder emanating from the films shown inside the models, the contrast is indeed striking.


What are these films about? Dreams, fits of madness, fantasies? Viaccoz, the undisputed hero of each episode, really goes to town. With impish pleasure he puts himself in the role of the hero, not the kind seen on TV, but one that is a perfect match for the hero each of us dreams up as a kid, the hero that allows us to spice up our daily life and transform our misery into marvelous adventures. It is a ridiculously human hero whose mission is not to save the world, but simply to face his own fears. For Viaccoz the hero, it's more his compulsions and dread he has to face.


Paul gets off on his own escapades. He assumes several roles (magician, killer, pratfaller, mushroom hunter, etc.) and the action progresses in a whimsical way. There is no dramatic resolution strictly speaking, but rather a moment of lucidity when, like a dreamer awakening, you open your eyes and say to yourself, Whew, that's over with, Paul is safe.


Safe from his demons? The artist invents a world that would, without his sense of humor, lead us smack into the field of psychiatry. Those spare rooms where nothing is left to chance, where everything is measured, speak of incarceration and shutting up. They flaunt their ambition to regulate the overwhelming flood, but clearly can't halt the explosion of images haunting them.


The spare character of these room-cells, which fixes their identity while depriving them of it, conjures up the world of prisons and psychiatric wards, even concentration camps. Fascinated by rules because they guarantee order, Viaccoz makes his way over a terrain the underside of which he well knows. Order is synonymous with fussiness in the extreme, that is, a retreat into oneself, or it brings together the conditions for the advent of a surveillance state. Viaccoz thus frantically sets about creating distractions that breach this ominous organization and infiltrate the processes of imprisonment at work here.


The Center for Contemporary Images will be showing for the first time a series of videos produced between 2001 to 2005, along with several of the artist's scale models.


In the first gallery stands a large table on which twenty scale models of houses with surrounding gardens are neatly aligned in two opposite rows. Separating these two rows of identical houses, a train runs back and forth from one end of the table to the other. It seems like a well-organized ideal world where each person cultivates his or her garden.


Yet, by association, train and houses quickly shift this idyllic vision, sparking a certain dread by recalling the deportations of another time. This change of perspective is confirmed by the images that are playing out on a television screen. They retrace a journey by train that runs from one station in some European city to another according to an itinerary that is geographically improbable but follows a trajectory of memories bound up with catastrophes or incidents that left their stamp on the sites.


The second gallery displays ten models, in each of which a film is being shown. The ten models offer us in as many episodes the continuing adventures of Paul. Reading a few of the titles throws us into that strange, whimsical world of the artist's that juxtaposes order and chaos: "The Race", "The Inventory", "Dreams", "Fits of Madness", "Pratfalls and Comedies", "Hallucinations", "Magic Tricks", and so on. Each scale model represents a hospital room, every one of which bears a title. The Two-way Mirror, Isolation, The Visiting Room, The Operating Room, these conjure up the ghost of psychiatry.


The third gallery offers visitors an epilog to Paul's adventures.


Paul Viaccoz, born in 1953 in Saint-Julien-en-Genevois, lives and works in Geneva.


Exhibition: April 21 - June 19, 2005
Opening hours: Tue-Sun noon - 6 pm (free entrance)