© Walter Pfeiffer

© Walter Pfeiffer


Plus ou moins jeunes

Walter Pfeiffer
, Teresa Hubbard & Alexander Birchler, Thomas Galler, Julika Rudelius, Sigalit Landau


Cet événement est principalement axé sur la jeunesse. Certains artistes le sont, d autres produisent une représentation de cette culture plus ou moins évidente. Au départ, nous avons décidé de présenter à Paris Walter Pfeiffer, photographe incontesté mais peu connu, d une nouvelle esthétique. Ses portraits de jeunes hommes, photographiés à Paris au début des années 80, sont le noyau central de son exposition et donnent la direction de cet événement. De cette base, nous avons tissé des liens avec d autres artistes d une nouvelle génération ou qui travaillent avec cette sensibilité. Ce n est pas un événement thématique sur la jeunesse mais juste un fil conducteur.


Le Centre culturel suisse organise la première exposition rétrospective du photographe zurichois Walter Pfeiffer (né en 1946 à Beggingen, vit et travaille à Zurich). Articulée autour de la série "Das Auge, die Gedanken, unentwegt wandernd" ("l'oeil, les pensées, sans cesse en mouvement"), suite de portraits d'adolescents anonymes photographiés dans les rues de Paris, Milan et Zürich au début des années 80, l'exposition met en scène de nouvelles photographies réalisées en 2004, des polaroids de la fin des années 70 ainsi qu'un choix de vidéos inédites. À l'occasion de l'exposition, son livre culte et désormais introuvable, "Walter Pfeiffer 1970-1980", sera réédité par la maison d'édition zurichoise Jrp/Ringier.


Au début des années 70, après des études à l'Ecole des Beaux Arts de Zurich, Walter Pfeiffer exerce le métier de décorateur ainsi que celui de graphiste et d'illustrateur. La photo n'est alors pour lui qu'un moyen ludique de documenter l'ambiance particulière de son studio, sorte de Factory Warholienne où se mélange, sans distinction et avec toute la liberté d'esprit caractérisée par cette époque, une faune underground oscillant entre la mode, la drogue, l'art et la délinquance.


Il expose pour la première fois ses photographies en 1974 et réalise l'image de la couverture du catalogue de l'exposition "Transformer" au Kunstmuseum de Lucerne, manifestation charnière qui met en scène l'aspect performatif du travestissement, les notions d'identité et de sexualité, préfigurant ainsi une bonne partie de l'iconographie des années 90 à travers laquelle Pfeiffer va être redécouvert comme un précurseur du genre.


Assez discret dans les années 80, l'artiste ne cesse pourtant jamais de continuer sa propre quête d'une certaine idée de la beauté qui oscille entre humour et glamour et qui métamorphose le banal et le quotidien en de véritables images iconiques. Au-delà de ses clichés qui documentent la jeunesse et les garçons, ses thèmes récurrents, son vocabulaire s'étend aux natures mortes - bouquets de fleurs ou arrangements d'objets à la fois kitsch et flamboyants - développées dans des couleurs saturées et sophistiquées, ainsi qu'à quelques paysages extérieurs. Héritier de Wilhem von Gloeden, contemporain de Larry Clark, père symbolique de Wolfgang Tillmans, il est temps de réhabiliter Walter Pfeiffer.


Les installations réalisées par le couple Teresa Hubbard & Alexander Birchler (née en 1965 à Dublin, né en 1962 à Baden, Suisse, vivent et travaillent à Austin,Texas, et Bâle) ont produites avec l'économie et a technologie sophistiquée du cinéma. "Eight", présenté en boucle dans la salle de cinéma, a nécessité la participation d'une équipe de plus de 30 personnes pour a lumière, les décors, etc. Cette boucle au climat irréel, ce va et vient entre l'intérieur d'une maison et l'extérieur d'un jardin, met en scène l'anniversaire olitaire d'une petite fille.


Les vidéos de Thomas Galler (né en 1970 à Baden, Suisse, vit et travaille à New York et Zurich) s'originent dans l'histoire du cinéma. En samplant des extraits de films classiques principalement américains, l'artiste tente de déconstruire et de révéler ainsi le côté artificiel de la mise en scène cinématographique. "Murder", est constitué d'un extrait du film "Shining" de Stanley Kubrick dans lequel l'enfant possédé tente de tuer sa mère en répétant mécaniquement le mot meurtre (murder) mais en le prononçant à l'envers (redrum, Red room). En inversant le sens du film lors de la projection (de la fin au début), Thomas Galler restitue la sonorité originale du mot meutre.


Une fois obtenue la confiance d'adolescents turcs, marocains et iraniens, Julika Rudelius (née en 1968 à Cologne, vit et travaille à Amsterdam) les invite dans le décor froid et neutre de ce qui pourrait ressembler à une chambre d'hôtel anonyme. Elle les fait parler et leur demande de décrire leur façon de s'habiller. Face à la caméra, ils défilent dans leurs plus beaux vêtements et s'expriment sur l'importance qu'ont ceux-ci à leurs yeux, leur attachement aux grandes marques et les prix qu'ils sont prêts à y investir, même s'ils n'ont pas de gros moyens.


Derrière les "confidences", mises en scène, de ces jeunes émigrés, se glisse un discours sur l'immigration-intégration et sur l'importance du regard de l'autre et fait ressortir la fragilité de ces jeunes malgré leur aspect "macho".


Sigalit Landau (née en 1969 en Israël, vit et travaille à Tel Aviv et Paris), artiste d'origine israélienne, développe depuis plusieurs années un travail à la fois très personnel et emprunt de politique. Il tourne autour des notions de frontières, de corps, d'invisible, et d'identité, "Barbed Hulla" est une performance, réalisée deux fois par l'artiste, dans laquelle une femme, nue, fait tourner autour d'elle, en ondulant son buste, un hulla up constitué de fils barbelés. Une impression de douleur s'échappe de cet acte qui relève de la transe. Pourtant, une observation attentive de la part du spectateur permet de voir que les pics des fils barbelés sont tournés vers l'extérieur.


Michel Ritter


Exposition: 2.5. - 11.7.2004
Horaires d'ouverture: Mer-Dim 14h00 - 19h00
nocturne le jeudi soir jusqu'à 22h00


Centre Culturel Suisse
(ProHelvetia - fondation suisse pour la culture)
32 et 28, rue des Francs-Bourgeois
F-75003 Paris
Téléphone +33 1 42 71 44 50

www.ccsparis.com
www.likeyou.com/thomasgaller