© Alain Josseau
Alain Josseau: "WTC n°12", 2002
dyptich, oil on canvas, 100 x 200 cm, 39 1/4" x 78 3/4"


Alain Josseau
WTC 11/09/2001 - 11/09/2002


À propos des images de 11 septembre 2001.

L'image qu'on le veuille ou non est notre scène primitive, notre interface archétypale avec le réel.

Ainsi à la différence de la guerre des Malouines et de son obscurantisme politique, à la différence de la guerre du Golfe et de son obscurité télévisuelle dû à la censure militaire (image nocturne) ou encore de la guerre d'Afghanistan et l'invisibilité de son territoire (tout cela n'étant que le prolongement logique de la censure des images débuté pendant la guerre de Vietnam). Le 11 Septembre 2001, l'image nous a pris de cours et de vitesse. L'image a pris de cours toute censure en s'affichant en temps réel sur les téléviseurs du monde entier. La fascination de l'attentat, que tout un chacun a pu connaître c'est d'abord et avant tout la fascination de l'image, dans un flux fragmenté et ininterrompu, vues sous tous les angles, sous toutes les coutures, IRM de l'événement, comme si finalement dans une sorte de défouloir général les images avaient décidé de libérer l'ensemble de leurs énergies visuelles.

Il persiste cependant quelque chose de l'ordre du cinématographique dans celles-ci, dans l'évidente référence au cinéma catastrophe, bien sûr, mais aussi dans leurs modes d'apparition, dans leurs montages : cut, répétition, contrechamps, zoom, travellingUn cinéma en direct où soudainement chacun des cameramen indépendants se faisait réalisateur, ou bien plutôt comme si devenant l'unique signe de la réalité, les images se mettaient à s'auto-reproduire sans relâche, sans retenu.

Y aurait-il de l'opportunisme à les peindre (ces images)?, je ne le crois pas.

Cette série est d'une part, un prolongement évident de mes séries précédentes sur la problématique de l'image - média, de ces problèmes de définition et de ces modes de représentation (série des " Blow up ", de l'assassinat de Kennedy, ou encore des images de guerre) Et d'autre part elle en propose une autre définition, une autre dimension. C'est-à-dire que soudainement ces images se retrouvent figées en basculant d'un médium à l'autre. Ce ralentissement forcé, cette fixité est comme un pied de nez a l'accélération ambiante, il oblige à une lecture syncrétique des images, à une concentration accrue sur l'objet.
Peindre des grands formats est du même ordre, habitués que nous sommes, à la masse proliférante et endémique des images photographiques de petit format, l'accès à la réalité se fait la plupart du temps par une petite lucarne et non par de grand panoramique. Réaliser des images peintes d'un tel événement, ce n'est pas faire une photographie qui fige, c'est bien plutôt effectuer un ralentissement, un freinage de l'action, c'est créer une suspension de l'acte dans l'air, c'est comme concentrer une formidable énergie au ralenti avant l'explosion - la courbe asymptotique, le paradoxe de Zénon comme une métaphore de l'acte de peindre : s'approcher toujours sans jamais atteindre.

Multiplier les angles, les points de vue pour déceler quelque chose de la réalité, mais la réalité est une image et donc un tronçon plus ou moins fidèle. L'artificialité de la peinture en soi est peut-être plus proche de ce type d'événement que n'importe quel autre médium. Peindre c'est démonter la machine optique.

En quoi la vidéo et la photographie seraient-elles plus proche de " la réalité ", d'une certaine réalité ? En rien, si ce n'est qu'elles sont l'enregistrement de l'information photonique directe de l'objet et que la peinture en un sens est un différé photonique de la réalité.

A. Josseau - juin 2002


Ausstellungsdauer: 11. - 18.9.2002
Oeffnungszeiten: Di-Sa 14 - 19 Uhr

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