© Yves Mettler

Yves Mettler: Alexanderplatz, 2008
polyptyque composé de 9 sérigraphies, éd. 1/3,
46 x 590 cm


Yves Mettler & Eva-Maria Wilde
Alexanderplatz



Click for English text


C'est sur cette place centrale de Berlin que se retrouvent Eva-Maria Wilde (*1972 à Dresde, Allemagne) et Yves Mettler (*1976 à Morges, Suisse) pour une exposition commune à la galerie Blancpain Art Contemporain. Wilde y a grandi, Mettler y a débarqué, les deux y vivent. Élément central de l'histoire culturelle de la ville, comme de la mémoire collective, Alexanderplatz prend malgré ses multiples transformations, tant architectoniques que fonctionnelles, une position clé dans la carte mentale aussi bien des berlinois que des visiteurs de la capitale.


L'histoire mouvementée de la ville de Berlin se laisse lire à la surface de cette place qui devait devenir le centre représentatif de l'ex-Allemagne socialiste. Si celle-ci fut le théâtre de manifestations spartakistes en 1919, elle fut également le lieu de rassemblement du 4 novembre 1989 d'un million de personnes annonçant la chute du mur. Ainsi chaque période historique déterminante a exprimé, par le biais de concours d'urbanismes articulés autour de cette place, sa volonté politique. Bien que ces concours aient cherché à affirmer leur époque respective, leur réalisation a également montré l'écart manifeste entre les désirs et la réalité. Aucun des concours n'a du reste pu être réalisé entièrement. Chaque réalisation a été interrompue, faisant disparaître certains éléments au profit d'autres.


Cette transformation de l'espace urbain, repérable à partir des façades et des conceptions spatiales de l'Alexanderplatz, est le point de départ de la collaboration des deux artistes.


Après avoir rassemblé un fonds d'images d'archives de la ville, de la région et rencontré Hubert Matthes, l'un des architectes du collectif socialiste qui a jadis planifié la place, ils ont constitué leur propre documentation du site, chacun suivant ses propres axes de recherches. C'est à partir de ce matériau que Wilde et Mettler ont recomposé une histoire et une image d'Alexanderplatz. En respectant les perspectives historiques et architectoniques prévues des différents plans, leur reconstitution propose un modèle à part entière parallèle à cette place toujours en train de se faire et de se défaire.


L'installation visible à Blancpain Art Contemporain est composée d'un ensemble de façades des différentes époques, chacune réalisée dans un matériau différent: une grille de bois en référence à la verrière de la gare provenant de l'époque socialiste, un cadre flottant pour la structure de la fabrique Minol, deux rideaux reproduisant des prototypes de bâtiments modernistes, une toile sprayée semblable aux habillages temporaires produits par les échafaudages des chantiers et deux cut-outs, l'un pour la façade néo-classique du grand magasin Tietz (la plus grande façade commerciale d'Europe visible en 1904) et l'autre pour le Centrum Warenhaus, grand magasin de l'Allemagne socialiste dont la façade a récemment été enlevée par l'actuel propriétaire.


L'installation produit un ensemble de superpositions, dont le plan est basé sur la spirale (forme de la place durant la période socialiste atteignant alors quatre-vingt mille mètres carrés et construite la même année que la Spiral Jetty de Smithson). Elle transforme ainsi l'espace de la galerie et propose par ses matériaux et sa composition un espace où les structures rigoureuses se confondent les unes avec les autres, ouvrant un espace au plan complexe croisant les lignes de fuite et les plans de rencontres.


L'exposition donne aussi à chaque artiste l'occasion d'exercer ses propres outils d'interprétation du matériau urbain.


© Eva-Maria Wilde

Eva-Maria Wilde: Sans Titre, 2005
laque sur MDF, 60 x 50 cm


De sa recherche de décomposition des structures urbaines, Eva-Maria Wilde a développé un prototype de façade de gros œuvres sous forme de chablon qu'elle emploie ici comme élément générique au sein des éléments historiques: image de jour, image de nuit, deux façades verticales traversent l'espace de la galerie de part en part. Le chablon est sprayé sur la toile, emprunt direct à la sous-culture urbaine. Eva-Maria Wilde intervient également dans l'exposition avec un ensemble de collages basés sur le fonds d'images constitué: des assemblages de photographies, de photocopies, de dessins découpés, déchirés et recomposés, des bouts de façades issus de son fonds de recherche pour générer les images fragmentaires et superposées de la réalité et de la mémoire.


Des peintures laquées noir blanc d'une facture empreinte de la matérialité du pinceau forment finalement une série de figures urbaines abstraites, signes condensés de l'urbanité globale.


Yves Mettler reprend pour sa part le motif de la spirale de l'ancienne place socialiste avec un disque vinyle proposant au visiteur de s'approprier la place sous forme d'un mantra basé sur la contradiction inhérente à la planification de l'espace public. Il complète l'interprétation historique du lieu avec un bloc de sérigraphies basées sur une confrontation des projets architecturaux de chaque époque avec des clichés de la figure du passant contemporain.


Exposition 14.3. - 17.5.2008

Heures d'ouverture Ma-Ve 14.30 - 18.30h, Sa 14 - 17 h,
et sur rendez-vous


Blancpain Art Contemporain
63, rue des Maraîchers
CH-1205 Genève
Telephone +41(0)22 328 38 02
Fax +41(0)22 328 40 03
Email galerie@blancpain-artcontemporain.ch

www.blancpain-artcontemporain.ch




Yves Mettler & Eva-Maria Wilde
Alexanderplatz



It is on this central square of Berlin that Eva-Maria Wilde (1972 in Dresden, Germany) and Yves Mettler (1976 to Morges, Switzerland) meet for a common exhibition in the gallery Blancpain Art Contemporain. Wilde grew up there, Mettler landed there, both live there. Central element of the cultural history of the city, as the collective memory, Alexanderplatz takes in spite of its multiple transformations, as much as architectonic than functional, a key position in the mental map as well of the Berliners as of the visitors of the capital.


The animated history of the city of Berlin is readable on the surface of this square which had to become the representative center of the Ex-GDR. If this square was the theater of spartakists mobs in 1919, it was also the place of gathering of November 4th, 1989 of a million persons announcing the fall of the wall. Every determining historic period expressed, by means of town planning competitions articulated around this square, its political will. Although these competitions tried to assert their respective time, their realization also showed the obvious distance between the desires and the reality. None of the competitions was besides able to be completely realized. Every realization has been interrupted, removing certain elements in the profit of others.


This ongoing transformation of the urban space, readable from the remaining facades and spatial conceptions of Alexanderplatz, is the point of departure of the collaboration of both artists.


Having collected a fund of images from the archives of the city and the region, and having met Hubert Matthes, one of the architects of the socialist collective who formerly planned the square, they constituted their own documentation of the site, each following his own areas of research. It is from this material that Wilde and Mettler recomposed a history and an image of Alexanderplatz. By respecting the historic and architectonic perspectives foreseen by the various plans, their reconstruction proposes a actualizing model parallel to this place always being made and undone.


The installation visible at Blancpain Art Contemporain consists of a set of facades of various time periods, each being realized in a different material: a wooden grid in reference to the window of the station built in the socialist period, a floating frame abstracted from the structure of the factory Minol, two curtains reproducing prototypes of modernistic buildings, a sprayed cloth reproducing the temporary dressings produced by the scaffolds of construction sites and two cut-outs, one for the neo-classic facade of the department store Tietz (the biggest commercial facade of visible Europe in 1904) and the other one for Centrum Warenhaus, department store of socialist Germany, the facade of which was recently removed by the current owner.


The installation produces a set of superimpositions, plan of which is based on a spiral (shape of the square during socialist period reaching then eighty thousand square meters, and built the same year as the Spiral Jetty by Smithson). The space of the gallery is so fully transformed. The installation proposes by its materiality and composition a space where the rigorous structures become confused with the others, opening a space to a complex plan drawn by the crossing lines of flight and building plans of meetings.


The exhibition also gives way to both artists to exercise their own tools of interpretation of the urban material.


Of her search for decomposition of the urban structures, Eva-Maria Wilde developed a prototype of building shell facade working in the form of a stencil she uses here as generic element within the historic elements: day image, night image, two vertical facades cross the space of the gallery throughout. The stencil is sprayed on the cloth, a direct loan of the urban subculture. Eva-Maria Wilde also intervenes in the exhibition with a set of collages based on the constituted collection of images: assemblies of photos, photocopies, cut, torn and recomposed drawings, samples of facades stemming from her research fund to generate the fragmentary and superimposed images of the reality and the memory.


Black, white and grey varnish paintings black, branded by the materialism of the paintbrush, form a series of abstract urban figures, signs where is condensed the global urbanity and its temporality.


Yves Mettler takes over the motive for the spiral of the former socialist place with a vinyl record suggesting to the visitor appropriating the square in the form of a mantra based on the contradiction inherent to the planning of the public space. He completes the historic interpretation of the site with a block of screenprintings based on a confrontation of the architectural projects of every time period with clichés of contemporary passers-by on the Alexanderplatz.


Exhibition 14 March - 17 May 2008

Gallery hours Tues-Fri 2.30 - 6.30 pm, Sat 2 - 5 pm,
and by appointment